Pas de trace de chlore sur bandelette : que signifie l'absence de désinfectant ?

Pas de trace de chlore sur bandelette : que signifie l'absence de désinfectant ?

Une eau limpide n’assure pas toujours la désinfection attendue. Entre erreurs de mesure, variations imprévues des paramètres de l’eau et dysfonctionnements techniques, plusieurs raisons peuvent expliquer un taux nul de chlore lors du test. Comprendre ce qui se joue permet de mieux anticiper les risques et d’offrir une eau saine dans vos bassins intérieurs.

Pourquoi la bandelette n’indique-t-elle aucune trace de chlore ?

Mauvaise lecture ou erreur de procédure

Quand la bandelette affiche zéro chlore, le problème vient souvent... de la bandelette ou de l’utilisation.

Une bandelette périmée ou mal stockée devient peu fiable. L’humidité, la chaleur ou la lumière abîment rapidement les réactifs. Pour éviter cela, vérifiez toujours la date de péremption, refermez soigneusement le tube et gardez-le à l’abri, hors du soleil et des écarts de température.

Le temps d’immersion mérite la même attention. Plongez la bandelette ni trop brièvement, ni trop longtemps, au risque de fausser les couleurs. Suivez vraiment la notice : durée d’immersion, temps d’attente avant lecture, position horizontale, sans secouer pour éviter les bavures.

La lecture de l’échelle colorimétrique sème aussi la confusion : lumière trop faible, reflet sur la bandelette, fatigue visuelle, comparaison trop rapide… Préférez la lumière naturelle et lisez à hauteur des yeux, pile au bon moment.

Qualité de l’échantillon et facteurs physico-chimiques

Respecter la procédure ne suffit pas : le point de prélèvement joue aussi. Si vous prenez l’eau en surface ou devant une buse, le résultat ne sera pas représentatif. Prélevez plutôt à 30–40 cm de profondeur, loin des refoulements et skimmers.

La température influe également. Au-delà de 30 °C, le chlore se dégrade vite et devient moins actif, donnant l’impression d’un taux très bas.

Le pH compte tout autant. S’il est trop élevé (> 7,8) ou trop bas (< 6,8), il modifie la répartition entre acide hypochloreux (forme active, facile à détecter) et ion hypochlorite (moins actif, moins bien perçu par certains tests). Du coup, vous ajoutez du chlore, mais la bandelette n’en « voit » qu’une partie. Mieux vaut viser un pH autour de 7,2–7,4.

Consommation instantanée du chlore

Parfois, le chlore ajouté est immédiatement « avalé » par la demande chimique de l’eau. Cela se produit après un afflux de polluants : crèmes solaires, produits lessiviels, matières organiques, feuilles, pollen, ou encore métaux dissous (fer, manganèse) qui oxydent le chlore.

Le chlore réagit d’abord avec ces éléments avant de rester sous forme libre et mesurable.

Les UV du soleil accélèrent la dégradation : sans stabilisant (acide cyanurique), le chlore libre se détruit vite en plein été. Il n’est pas rare de mesurer zéro, même juste après traitement.

Dysfonctionnement ou absence de production

Il arrive tout simplement que l’installation ne produise plus de chlore. Pour un électrolyseur, un manque de sel ou une salinité basse arrête la génération. Sur un système à injection (bidon de javel ou de chlore) :

  • Bidon vide ou presque
  • Pompe doseuse désamorcée ou bloquée
  • Sécurité coupée (capteurs, coffret hors tension)

Des injecteurs entartrés ou recouverts de biofilm bloquent aussi l’apport de désinfectant. Un contrôle visuel s’impose : vérifiez les niveaux, la pompe, les LEDs, l’état des électrodes et des injecteurs. Un petit incident suffit à rendre la bandelette désespérément blanche.

Quels risques pour le logement ?

Prolifération biologique et qualité de l’air intérieur

Quand de l’eau stagne (sous-sol, douche, spa intérieur, réseau encrassé), le terrain devient propice aux bactéries, virus, algues et moisissures.

Ces micro-organismes se dispersent ensuite dans l’air via :

  • la ventilation (bouches encrassées, gaines humides)
  • la douche et les robinets (micro-gouttelettes)
  • les bassins ou spas d’intérieur

Le risque le plus connu ? La légionellose, due à la Legionella, qui adore les réseaux d’eau tiède mal entretenus. Mais la mauvaise qualité de l’air favorise aussi asthme, rhinites, bronchites, irritation des yeux ou de la gorge.

Les taches de moisissures visibles ne sont qu’un indice : ce sont surtout les spores invisibles qui envahissent lentement l’air du logement.

À la clé : allergies qui traînent, rougeurs de la peau, démangeaisons, fatigue chronique, céphalées, impression d’air lourd.

Dégradation des matériaux d’isolation thermique

Une humidité tenace attaque inexorablement l’isolation, même parfaitement posée. Dans les combles ou les murs, les laines minérales s’imbibent, se tassent et perdent leur pouvoir isolant. Une laine mouillée n’isole plus grand-chose.

Les isolants biosourcés (ouate, fibre de bois, chanvre) résistent un peu mieux ponctuellement, mais finissent par développer des champignons. Ils captent aussi les spores, puis pourrissent si l’humidité s’attarde.

Côté métal, les condensats chargés en polluants accélèrent la corrosion : pare-vapeur métallisés, rails de cloison, toute l’ossature finit par être fragilisée.

Résultat : parois qui n’isolent plus, perte d’étanchéité, réparations coûteuses à la clé.

Impact énergétique et financier

Un isolant mouillé ou dégradé, et voilà les déperditions qui grimpent : le logement se refroidit l’hiver, chauffe l’été.

Chauffage ou clim tournent plus longuement pour compenser, ce qui alourdit les factures – sans compter les frais de rénovation :

  • évacuation et traitement des anciens isolants
  • remise en état des supports
  • remplacement complet des éléments abîmés

Dans ces cas-là, l’isolation ne dure guère plus longtemps, ce qui vous fait perdre deux fois : en confort et en coût.

Comment rétablir et maintenir une eau correctement désinfectée ?

Vérifier et fiabiliser la mesure

Avant d’ajouter des produits, assurez-vous que la mesure du chlore et du pH est fiable. Une bandelette seule n’est jamais très précise, surtout si elle date ou a mal été stockée.

Faites un contrôle croisé : test DPD en pastilles, ou photomètre bien étalonné. Les bandelettes suffisent pour des contrôles rapides à condition de les remplacer chaque année et de les conserver au sec.

Formalisez une petite procédure : prélèvement à 30 cm de profondeur, loin du brassage, avec un récipient bien propre. Cette rigueur limite les erreurs et évite de trop ou pas assez traiter.

Ajuster les paramètres chimiques essentiels

Pour désinfecter correctement, commencez par régler le pH (idéalement entre 7,2 et 7,6). Corrigez-le toujours avant de chlorer, sans quoi le traitement perd largement en efficacité.

Si l’eau a été très sollicitée ou polluée, réalisez un traitement choc (granulés ou hypochlorite liquide). Calculez bien la dose selon le volume et la qualité d’eau.

En extérieur, pensez au stabilisant (acide cyanurique entre 20 et 30 mg/L) pour protéger le chlore du soleil. Si la concentration devient trop élevée, il faudra renouveler l’eau. En intérieur, l’idée est surtout de limiter le rayonnement UV sur le bassin pour préserver le niveau de désinfectant.

Adopter une stratégie de désinfection pérenne et discrète

Pour l’équilibre entre efficacité, confort et santé, le générateur au sel (électrolyse) reste un choix solide. Il produit en continu du chlore libre à partir du sel dissous, ce qui évite les coups de chaud et stabilise l’eau.

Vous pouvez compléter avec :

  • lampes UV-C en ligne
  • ozonation maîtrisée
  • systèmes bio-UV couplés à une très faible chloration

Installez un petit plan de contrôle hebdomadaire : chlore libre et combiné, potentiel redox, pH, alcalinité. Dans les bassins très fréquentés, un suivi microbiologique mensuel apporte un gage supplémentaire sur la robustesse du traitement.

Préserver l’enveloppe et la santé des occupants

Une eau saine ne fait pas tout : à l’intérieur, l’humidité ne doit pas dépasser 60 %. Sinon gare à la condensation et aux chloramines dans l’air.

Prévoyez une ventilation mécanique efficace ou un déshumidificateur bien dimensionné, en pensant à des isolants adaptés à la vapeur d’eau (mousses étanches, panneaux XPS, membranes hygro-régulantes). Surveillez les zones sensibles (ponts thermiques, jonctions, menuiseries) et prévoyez un nettoyage semestriel des conduits, en changeant les filtres selon les recommandations du fabricant.

Cette approche globale préserve autant le bâtiment que la respiration des usagers, tout en limitant la corrosion, les odeurs et les irritations.

Questions fréquentes

Peut-on se baigner si la bandelette lit 0 ppm de chlore et que l’eau paraît propre ?

Une eau claire n’est pas forcément une eau saine. À zéro chlore libre, la désinfection n’est plus assurée, même si tout semble normal.

Pour garantir la sécurité, il faut :

  • un taux de chlore libre mesurable (généralement 1 à 3 ppm)
  • un pH bien réglé (autour de 7,0–7,4)
  • une filtration opérationnelle

Les risques sont invisibles : bactéries, virus, champignons se développent et l’air intérieur reste moins renouvelé. Attendez toujours le retour du désinfectant à la plage cible avant la baignade, aérez les pièces et contrôlez à nouveau le taux de chlore une ou deux heures après ajout de produit.

Tant que le test reste à zéro, la baignade reste vraiment à éviter, même si l’eau paraît parfaite.


Quelle différence entre chlore libre, total et combiné ?

Pour bien comprendre vos analyses :

  • Chlore libre : disponible pour désinfecter (forme active)
  • Chlore combiné : déjà utilisé, lié aux impuretés (responsable d’odeurs et d’irritations)
  • Chlore total : somme des deux

Ce qui compte, c’est de favoriser un taux suffisant de chlore libre et de limiter le combiné. Si le taux total est élevé mais le libre faible, la désinfection ne suit plus.

Pour mesurer, préférez une trousse colorimétrique ou un photomètre pour plus de fiabilité. Visez en général :

  • Chlore libre : 1 à 3 ppm
  • Chlore combiné : < 0,6 ppm
  • Chlore total : à analyser avec le taux de libre

Combien de temps attendre après un traitement choc avant d’accéder au bassin ou à la pièce ?

Un traitement choc fait monter le taux de chlore pour rattraper une eau dégradée. Il faut ensuite attendre que le niveau redescende.

Fiez-vous d’abord aux consignes du fabricant : souvent 24 à 48 h. Vérifiez que le chlore libre est revenu dans la zone de sécurité (1–3 ppm) et que le pH est stabilisé.

En intérieur, ventilez largement pour évacuer les vapeurs. Si l’odeur reste forte ou que le taux dépasse les valeurs usuelles, évitez de rester dans la pièce, surtout pour les plus sensibles.

Avant toute nouvelle baignade, contrôlez les paramètres : chlore libre, combiné, pH, clarté de l’eau et filtration fonctionnelle.


Quelles alternatives au chlore pour les personnes allergiques ?

Plusieurs solutions existent pour limiter ou remplacer le chlore :

  • Brome : efficace à pH élevé, moins odorant, souvent mieux toléré, mais toujours halogéné
  • PHMB : désinfectant sans chlore ni brome, nécessite un oxydant complémentaire et une filtration irréprochable
  • Oxygène actif : action désinfectante douce mais protection plus courte, mieux pour les petits bassins ou spas
  • Traitements UV : une lampe UV-C détruit une partie des micro-organismes, mais il faut conserver un désinfectant résiduel faible

Attention, chaque alternative a ses limites et nécessités : surveillance régulière, compatibilité avec les matériaux, et parfois des ajustements spécifiques. En cas d’allergie avérée, le conseil d’un professionnel ou d’un médecin reste vivement recommandé avant de changer la désinfection et d’adapter la ventilation.


Comment calculer le volume précis d’un bassin intérieur pour ajuster les dosages ?

Les bons dosages dépendent du volume réel du bassin. Se tromper peut vite conduire à des sur- ou sous-dosages.

Quelques formules utiles :

  • Bassin rectangulaire : longueur × largeur × profondeur moyenne
  • Bassin rond : 3,14 × rayon² × profondeur moyenne
  • Bassin de forme libre : découpez en zones « rectangulaires » ou « rondes » et additionnez les volumes

Pour la profondeur moyenne : (profondeur mini + profondeur maxi) / 2 (si le fond est en pente).

Mesurez minutieusement et notez chaque valeur. N’hésitez pas à utiliser des calculateurs en ligne ou les fiches techniques du fabricant.

Commencez avec une légère sous-dose, puis ajustez après contrôle. Conservez le volume de référence pour simplifier vos futurs ajustements.

Le dosage de chlore ne s’improvise pas : tests fiables, paramètres bien calés et entretien régulier, voilà les clés d’une eau propre, d’un logement sain et de vos installations qui durent.